Clause d’exclusivité, de non-concurrence, et de non-débauchage

En principe, le salarié jouit d’une liberté de travail à laquelle l’employeur ne saurait porter atteinte. Pourtant, en pratique, certains contrats de travail comportent des clauses qui limitent cette liberté de travail qui, pour être valable, doivent être proportionnées au but à atteindre et justifier par la protection des intérêts de l’entreprise. Ainsi, un contrat de travail peut comporter une clause d’exclusivité qui intervient durant toute la relation de travail, ainsi qu’une clause de non-concurrence en ce qu’elle peut intervenir à l’issue du contrat de travail.

Par ailleurs, en dehors de ces deux clauses, l’employeur peut également limiter la liberté de travail du salarié en signant une clause de non-débauchage avec une entreprise concurrente.

C’est la clause selon laquelle le salarié s’oblige à travailler uniquement pour son employeur et lui seul, et, in fine, à s’interdire toute forme d’activité professionnelle en dehors de l’entreprise. Bien évidemment, cette clause peut être tempérée d’un commun accord entre les salariés et l’employeur. Il ne prévoit aucune contrepartie financière réglementée pour ce salarié. Son l’inobservation est de nature à entraîner le licenciement disciplinaire du salarié.

Pendant longtemps, on s’est interrogé sur la légitimité d’une telle clause dans le cadre d’un contrat à temps partiel. Initialement proscrite, la jurisprudence est venue assouplir sa position en estimant qu’une telle clause serait valable dans le cadre d’un contrat à temps partiel, sous réserve de répondre à trois conditions qu’elle vise à protéger des intérêts de l’entreprise. Que les interdictions quelconques porte reste proportionnelle au niveau de protection recherché par l’employeur.

Que sa présence au contrat soit justifiée par la nature du poste occupé par le salarié. En réalité, ces clauses s’appliquent à tout type de contrat.

Ces clauses visent également à limiter la liberté de travail du salarié pour une autre entreprise, à la différence de celles évoquées précédemment, à savoir la clause d’exclusivité s’applique uniquement à la fin du contrat de travail du salarié et ne concerne que les entreprises qui représentent une menace concurrentielle directe. Là encore, cette clause est applicable uniquement si elle veille à protéger les intérêts de l’entreprise.

Pour être valable, doit répondre à certaines conditions, à savoir être limité dans le temps et être limité dans l’espace visé. Une activité précise et bien évidemment prévoir une contrepartie nourricière à l’égard du salarié. Ainsi, en pratique, elle s’applique soit à la date effective de rupture du contrat à la fin du préavis s’il y en a un, soit à la date de départ de l’entreprise du salarié.

En cas de dispenses de préavis. Par ailleurs, l’indemnité est due dès lors que la clause est applicable et même en cas de licenciement pour faute grave ou de démission du salarié. Bien évidemment, cette clause perd ses effets si elle n’est pas respectée par l’une ou l’autre des parties. Ainsi, si l’employeur venait à ne pas verser la contrepartie financière au salarié, ce dernier ne serait pas tenu de respecter ces clauses de non-concurrence.

A noter qu’en cas de contentieux, les juges peuvent condamner l’employeur à verser des dommages et intérêts au salarié pour le préjudice subi. En plus de l’indemnité compensatrice qui reste due au salarié pour la période durant laquelle il a respecté cette clause de non-concurrence. De même, si le salarié ne respecte pas cette clause, cela entraîne de facto l’annulation de l’indemnité compensatrice et le juge peut cette fois ci condamner le salarié à des dommages et intérêts pour le préjudice subi par l’entreprise.

Dans ce cas de figure, à la différence des deux premières causes, le droit du travail n’est pas applicable puisque cette clause s’intègre généralement dans le cadre d’un contrat commercial. En effet, lorsque deux entreprises entretiennent des relations commerciales, elles peuvent craindre que leur personnel performant soit recruté par l’entreprise cocontractant pour empêcher ce débauchage. Le contrat qui lie ces deux entreprises peut prévoir une clause de non-sollicitation dite clause de non-débauchage.

Cette clause peut être unilatérale. Ce sera souvent le cas dans les contrats des entreprises de prestation de services qui envoient des salariés en mission dans des sociétés clientes. Ces dernières sociétés vont alors s’engager à ne pas débaucher le salarié concerné pendant une durée déterminée. Cette clause peut être également réciproque. C’est le cas pour deux sociétés clients fournisseurs qui vont alors s’engager à ne pas débaucher ou même embaucher à l’issue de la rupture du contrat de travail.

Les salariés aux collaborateurs concernés. Le non-respect de la clause de non-débauchage entraîne une pénalité pour la société contractante sous forme de clause pénale présente dans le contrat commercial. Ainsi, à la différence de la clause de non-concurrence abordée plus haut dans le cas de la clause de non-débauchage, le salarié n’est pas parti au contrat. Il n’y est donc pas tenu.

Il pourra en revanche solliciter des dommages et intérêts si cette dernière devait lui être préjudiciable.

Ces actualités pourraient également vous intéresser
Portrait d’avocat : Emilie Lesné
Article
Portrait d’avocat : Emilie Lesné
Fichiers contenus sur une clé USB personnelle non connectée à l’ordinateur professionnel du salarié : preuve recevable ou non ? (Cass. Soc. 25 septembre 2024, n° 23-13.992)
Article
Fichiers contenus sur une clé USB personnelle non connectée à l’ordinateur professionnel du salarié : preuve recevable ou non ? (Cass. Soc. 25 septembre 2024, n° 23-13.992)
L’inextricable problématique des conventions de forfait annuel en jours
Article
L’inextricable problématique des conventions de forfait annuel en jours
Un licenciement fondé sur des faits relevant de la vie personnelle encourt-il la nullité ?
Article
Un licenciement fondé sur des faits relevant de la vie personnelle encourt-il la nullité ?
Dans le cadre du CSP, peut-on informer le salarié du motif de la rupture en lui transmettant un compte-rendu de la réunion du CSE ?
Article
Dans le cadre du CSP, peut-on informer le salarié du motif de la rupture en lui transmettant un compte-rendu de la réunion du CSE ?
La conciliation prud’homale élargie au-delà des indemnités de rupture liées aux licenciements
Article
La conciliation prud'homale élargie au-delà des indemnités de rupture liées aux licenciements
Échéance du CDD d’un conseiller du salarié : la cour de cassation applique strictement les dispositions légales
Article
Échéance du CDD d’un conseiller du salarié : la cour de cassation applique strictement les dispositions légales
L’action en nullité d’un accord collectif par le CSE : des conditions de recevabilité plus restreintes
Article
L'action en nullité d'un accord collectif par le CSE : des conditions de recevabilité plus restreintes
Harcèlement moral : Les syndicats obtiennent le droit d’agir pour protéger leurs représentants
Article
Harcèlement moral : Les syndicats obtiennent le droit d'agir pour protéger leurs représentants
Les dernières mises à jour décryptées !
Article
Les dernières mises à jour décryptées !
La rupture conventionnelle viciée par un dol du salarié […]
Article
La rupture conventionnelle viciée par un dol du salarié [...]
Nullité de la clause de non-concurrence
Article
Nullité de la clause de non-concurrence
Arrêts de travail pour maladie
Article
Arrêts de travail pour maladie
Zoom sur le contrat de travail à temps partiel
Article
Zoom sur le contrat de travail à temps partiel
Contestation d’un avis médical et pénurie de médecins inspecteurs du travail
Article
Contestation d’un avis médical et pénurie de médecins inspecteurs du travail
Amour et travail ne font pas toujours bon ménage
Article
Amour et travail ne font pas toujours bon ménage
Congés payés et arrêt maladie
Article
Congés payés et arrêt maladie
Nouvelles précisions sur la prime de partage de valeur
Article
Nouvelles précisions sur la prime de partage de valeur
Licenciement pour inaptitude : articulation de la contestation et du manquement à l’obligation de sécurité de l’employeur
Article
Licenciement pour inaptitude : articulation de la contestation et du manquement à l’obligation de sécurité de l’employeur
Ne jamais informer un salarié par téléphone de son licenciement le jour même de l’envoi de la lettre de licenciement
Article
Ne jamais informer un salarié par téléphone de son licenciement le jour même de l’envoi de la lettre de licenciement
La signature d’un accord prévoyant la mise en place d’un PSE
Article
La signature d’un accord prévoyant la mise en place d’un PSE
Faute inexcusable : les mesures prises par l’employeur doivent être efficaces et suffisantes
Article
Faute inexcusable : les mesures prises par l’employeur doivent être efficaces et suffisantes
Obligation de reclassement en cas d’inaptitude
Article
Obligation de reclassement en cas d’inaptitude
Une proposition de loi capillotractée
Article
Une proposition de loi capillotractée
Droit aux congés payés durant un arrêt de travail
Article
Droit aux congés payés durant un arrêt de travail
Proposition d’un CDI à un salarié en fin de CDD : Les nouvelles formalités à respecter
Article
Proposition d’un CDI à un salarié en fin de CDD : Les nouvelles formalités à respecter
Harcèlement moral – Le point sur les récentes jurisprudences rendues en la matière
Article
Harcèlement moral - Le point sur les récentes jurisprudences rendues en la matière
Vigilance sur les délais ! – En cas de découverte de nouveaux faits fautifs en cours de procédure disciplinaire
Article
Vigilance sur les délais ! - En cas de découverte de nouveaux faits fautifs en cours de procédure disciplinaire
Modification du lieu de travail – vers un assouplissement de la définition du secteur géographique ?
Article
Modification du lieu de travail - vers un assouplissement de la définition du secteur géographique ?
Pas de licenciement pour un motif non listé par la Convention collective !
Article
Pas de licenciement pour un motif non listé par la Convention collective !
Les Distinctions