Portrait d’avocat : Emilie Lesné
4 novembre 2024
- Qu’est-ce qui vous a initialement attirée vers le Droit social ?
J’ai découvert le droit social en troisième année à l’Université, tant sous ses composantes individuelles que collectives. Et grâce aux professeurs que je trouvais passionnés et inspirants, j’ai rapidement ressenti un attrait certain pour cette matière. Outre le fait que le droit social a cette particularité d’être particulièrement « vivant », c’est-à-dire ancré dans la réalité quotidienne de (presque) tout un chacun. Et puis, sans que cela ne puisse véritablement s’expliquer, il est vrai que j’ai été beaucoup moins (voire pas du tout) attirée par d’autres pans du droit qui m’ont été enseignés, à l’exception du droit civil je dirais. Je suis donc résolument, et pour longtemps encore, « socialiste ». Enfin, et c’est ce qui a définitivement scellé mon choix, le droit social permet d’exercer tant en conseil qu’en contentieux, deux « gymnastiques » cérébrales différentes mais parfaitement complémentaires, que j’apprécie pratiquer, l’une tout autant que l’autre.
- Qu’est-ce qui vous a motivée à poursuivre le statut d’Of Counsel plutôt que de rester dans votre rôle actuel ?
J’ai accepté avec plaisir et fierté ma nomination à ce rang, laquelle est la reconnaissance de mon investissement auprès de nos clients et du niveau d’expertise en droit social qui est le mien après plus de 12 années d’exercice du métier d’avocat. Être Of Counsel implique également des responsabilités plus étendues au sein de l’équipe, outre un positionnement de « référente ». Ce statut se situe à la croisée des chemins, en ce qu’il est préparatoire à une éventuelle association.
Je poursuis donc ma route sereinement au sein du cabinet, aux côtés d’une équipe dont nos clients connaissent la technicité et la disponibilité, et dont la cohésion sans faille est un atout considérable.
- Quels projets avez-vous l’envie de développer dans ce nouveau rôle ?
Nous avons échangé, avec Sonia et Arnaud, quant au fait de donner une nouvelle impulsion à notre « carte » de formations. Il s’agit là d’offrir à nos clients un éventail d’interventions sur des sujets en droit social (bien entendu), et adaptées à leurs besoins spécifiques, notamment au regard de leurs règles/politiques internes ; et à destination, soit des collaborateurs en charge des Ressources Humaines, soit des managers « opérationnels ».
Par ailleurs, j’envisage de suivre prochainement le cycle qualifiant sur la pratique de l’enquête interne, organisé par l’Ecole Française des Barreaux. Ce programme, qui privilégie une approche transversale de l’enquête interne, me permettra en effet d’être formée à une méthodologie rigoureuse de l’enquête, ainsi qu’à ses multiples facettes ; de l’entrée en contact avec le client, à la rédaction d’un plan d’enquête interne, la préparation des diligences (et notamment la collecte et le traitement de données), la préparation et la conduite des entretiens, pour en arriver au rapport d’enquête interne et ses suites.
- Vous avez été promue en seulement un an. Quelles compétences ou qualités pensez-vous avoir mises en avant pour atteindre cette réussite si rapidement ?
Il est à mon sens toujours délicat d’avoir le recul juste et objectif sur soi-même, que ce soit d’ailleurs sur le plan professionnel ou sur le plan personnel. Mais pour les besoins de l’exercice de cet interview, j’ai pris ce recul.
Et je crois pouvoir dire que je dispose des qualités nécessaires à un avocat dans son travail au quotidien, à savoir : rigueur, réactivité et disponibilité.
J’accorde également une importance toute particulière aux relations humaines, et aime à partager toutes sortes d’échanges avec l’équipe, qu’ils soient personnels ou professionnels, pour un enrichissement mutuel.
Enfin, ma double « casquette » conseil et contentieux me permet d’offrir à nos clients un accompagnement le plus complet possible.
- En prenant en charge les stagiaires du département Droit social, quel rôle jouez-vous dans leur développement professionnel, et quelles compétences espérez-vous leur transmettre ?
Effectivement, cela fait plusieurs mois maintenant que j’ai la charge du recrutement des stagiaires, avec un rôle de « référente » pour eux, et de coordination avec les autres membres de l’équipe quant à l’organisation et la gestion des missions/travaux qui leur sont confiés.
De manière plus globale, la formation des stagiaires passe par leur collaboration au quotidien avec chacun(e) d’entre nous, afin qu’ils puissent s’enrichir de nos expériences, connaissances et méthodes de travail, tantôt propres, tantôt communes.
Aussi, chez NMCG, les stagiaires sont pleinement impliqués – bien entendu selon leur niveau d’études et leur progression semaines après semaines – à nos activités de conseil et de contentieux.
À titre d’exemples, non exhaustifs, ils sont amenés à effectuer des recherches juridiques, préparer des pièces et des dossiers de plaidoiries, assurer une veille sur l’actualité légale ou jurisprudentielle, nous accompagner en audience, aider à la rédaction de conclusions ou consultations, préparer des courriers aux juridictions, etc.
Nous attachons une importance toute particulière à leurs compétences relationnelles et à leurs capacité d’adaptation et de réflexion, au développement desquelles nous les accompagnons ; tout comme nous nous efforçons de leur transmettre nos principes de rigueur et d’organisation, qui sont clés dans un métier comme le nôtre.
- Y a-t-il des innovations ou des tendances dans le domaine juridique qui vous enthousiasment particulièrement ?
- Quel est le retour le plus mémorable que vous avez reçu d’un client ?
Cela remonte à plusieurs années maintenant, lorsque j’étais jeune (dans tous les sens du termes…) collaboratrice au sein d’un autre cabinet.
L’un de nos clients nous avait chargés d’un dossier particulièrement « mal embarqué » et auquel lui-même croyait très peu…
Néanmoins, à force de creuser mes recherches et à grands renforts d’échanges avec le client, j’étais parvenue à construire une défense qui se tenait « plutôt pas mal », ou qui permettait, à tout le moins, de faire illusion autant que possible, tout en misant également sur l’exercice de la plaidoirie.
Non seulement la « casse » fut plus que limitée, mais la victoire fut au bout du tunnel, avec, (première) cerise sur le gâteau, une condamnation de la salariée au titre du fameux article 700 du Code de procédure civile (i.e. le Graal pour tout avocat se plaçant en défense d’un employeur, bien trop souvent écarté, même en cas de débouté total du demandeur/de la demanderesse…).
Et seconde cerise sur le gâteau, le client nous a invitées à déjeuner, l’associée avec laquelle j’avais travaillé sur le dossier et moi-même ; et ce fut mon premier restaurant étoilé.
- Comment définissez-vous le succès dans votre carrière, et comment cela a-t-il évolué au fil du temps ?
Je dirais que je ne suis pas à la recherche du succès au sens « carriériste » du terme : je suis à la recherche d’un épanouissement et d’un apprentissage au quotidien, lesquels m’ont, dans les faits, toujours fait avancer à un rythme cadencé. En dépit des embuches – en nombre réduit au demeurant – qui ont pu se placer sur ma route, cette avancée, au jour le jour je dirais, m’a jusqu’à maintenant fort bien réussi.