Portrait d’avocat : Vaea Pery
31 janvier 2024
1. Depuis combien de temps pratiquez-vous le droit fiscal et quel a été l’élément déterminant dans le choix de cette spécialité ?
J’exerce exclusivement en fiscalité depuis 2002, soit près de 22 ans.
La matière m’a attirée en faculté par ses aspects à la fois très techniques et très pratiques, et depuis je ne m’en suis jamais lassée, car elle est toujours en mouvement et très liée aux évolutions sociétales.
2. Quels sont, selon vous, les traits de caractère ou les compétences essentielles pour pratiquer intelligemment le droit fiscal ?
En premier lieu la rigueur technique, car en droit fiscal le diable se cache dans les détails ! La matière est sans cesse en évolution, parfois profondes (nous avons eu quelquefois jusqu’à cinq lois de finances dans une année ! Et a minima deux par an). Les conditions d’applications des divers dispositifs fiscaux font l’objet d’évolutions régulières, de précisions doctrinales ou jurisprudentielles… il faut être en état de veille permanente. Renouveler et remettre à jour ses connaissances régulièrement est nécessaire si l’on veut conserver son acuité de conseil.
En second lieu, le pragmatisme. J’essaie d’accompagner mes clients dans leurs décisions et leurs stratégies d’entreprise ou de patrimoine, ce qui nécessite des prises de position claires sur lesquelles ils peuvent s’appuyer.
3. Vous faites partie de l’association A3F, quel rôle joue l’Association Française des Femmes Fiscalistes, dans le développement professionnel des femmes dans ce domaine du droit ?
Ce qui est très riche dans cette association est qu’elle regroupe directrices fiscales (large, mid et small cap) et avocates, et l’échange sur les problématiques rencontrées est à la fois très technique et très concret, notamment à l’occasion de la mise en place de nouvelles mesures, sans recul ni décisions jurisprudentielles sur lesquels s’appuyer pour trancher sur les « zones grises ». Nous décidons en commun ce qui sera notre position technique à toutes, dans l’attente de précisions si elles viennent. Nous échangeons en direct sur les « thèmes » de contrôles fiscaux du moment. L’administration fiscale est régulièrement conviée pour échanger lors de nos réunions, ce qui permet de faire remonter les difficultés d’application rencontrées. Tout cela permet d’apporter, tant que possible, un peu de lisibilité à ses clients sur le contexte fiscal et ses évolutions prévisibles.
4. Quel aspect méconnu ou mal compris du droit fiscal aimeriez-vous démystifier pour le grand public ?
Certains de mes clients ont une appétence pour la matière fiscale, d’autres non (voire une aversion). À tous, j’explique toujours la raison d’être économique de tel ou tel dispositif que l’on souhaite mettre en application. Comprendre pourquoi le législateur a souhaité encourager telle ou telle opération en prévoyant un avantage fiscal, ou pourquoi telle ou telle condition a été posée (souvent pour éviter le dévoiement du dispositif) permet de mieux réfléchir ensemble et accompagner la mise en œuvre dans le temps de la stratégie mise en place. Quand on comprend mieux, on applique mieux. Donc, pour répondre à la question, je souhaite démystifier TOUT le droit fiscal !
5. En quoi l’expérience acquise dans des cabinets anglo-saxons a-t-elle enrichi votre pratique du droit fiscal ? et qu’est-ce qui vous a fait revenir vers un cabinet français ?
En début de carrière j’ai recherché la meilleure formation possible, j’ai suivi les recommandations qui m’ont été faites et ai commencé chez un « big five » (PriceWaterhouseCoopers) : un grand nombre de dossiers, tous différents, une typologie de clientèle variée, des interlocuteurs très exigeants et quatorze personnes prêtes à prendre votre place en cas de défaillance … ça motive pour rester performant. Et cela m’a permis de tout de suite mesurer l’impact direct de mon métier sur l’environnement économique : travailler sur la fusion GDF-SUEZ ou pour France Telecom (par exemple), ça donne l’impression de participer à l’économie et à la politique françaises.
Par la suite, j’ai complété par une autre expérience chez Ernst & Young, où j’ai perfectionné mes méthodes de travail tout en gagnant en autonomie, toujours pour des clients très stimulants.
Mais lorsqu’il s’est agi de développer ma propre clientèle, le cabinet français a été une évidence. C’est ma culture, même si j’ai toujours eu une pratique internationale. J’aime développer une proximité et une relation de confiance avec mes clients, et cela n’est pas possible dans de grosses structures anglo-saxonnes où les intervenants sur les dossiers sont interchangeables.
6. Si vous pouviez recommander une habitude quotidienne qui a transformé votre vie, quelle serait-elle et en quoi a-t-elle été si bénéfique pour vous ?
Se réjouir des petites choses. Mais il ne s’agit pas vraiment d’une transformation, car du plus loin qu’il m’en souvienne, j’ai toujours été comme cela. Voir le verre à moitié plein, et comment le remplir encore. Chercher des perspectives là où on n’en identifie pas immédiatement. Être créative. Un fiscaliste compétent est un fiscaliste heureux.
7. Quelle signification revêt pour vous l’utilisation du bureau de votre père dans votre environnement professionnel ?
Mon père a passé des heures assis derrière ce bureau, dans son activité de médecin pendant un temps, puis pendant sa retraite qui a toujours été active.
Ce bureau me donne envie de m’y asseoir tous les jours. Il est plein d’ondes positives.
8. En quoi l’importance que vous accordez aux relations humaines a-t-elle été un facteur déterminant dans votre décision de rejoindre NMCG Avocats ?
C’est devenu au fil des ans mon critère clef. J’aime faire partie d’un projet commun, les interactions avec mes confrères. De l’échange naît la richesse. Impossible de passer dix heures par jour avec des gens que l’on n’apprécie pas !
Et l’accueil qui m’a été réservé par NMCG a été non seulement très chaleureux, très enthousiaste et ouvert, mais également très au-delà en termes de confraternité de ce que j’ai pu expérimenter auprès d’autres confrères.