Portrait de Béatrice Billiard, Avocate of counsel
2 janvier 2025
- Qu’est-ce qui vous a motivée à choisir la voie du droit des affaires, et plus précisément des fusions et acquisitions ? Est-ce que vous vous souvenez du moment où vous avez vraiment su que c’était ce que vous vouliez faire ?
L’économie, la vie des sociétés, la stratégie commerciale et l’entreprenariat m’ont toujours intéressée. Mon attrait pour le droit des affaires a été confirmé dès ma spécialisation en licence. Au cours de ma vie étudiante, j’ai eu l’opportunité de réaliser plusieurs stages en entreprises et en cabinets d’avocats dans différents départements. Seul le droit des affaires, entendu au sens large, m’a vraiment passionnée. J’ai achevé mon parcours universitaire avec un DESS en droit des affaires et fiscalité en partenariat avec HEC qui m’a définitivement convaincue dans mes choix professionnels.
- Les fusions et acquisitions impliquent souvent des enjeux importants. Quelle est, pour vous, la plus grande gratification personnelle dans ce domaine, au-delà des aspects professionnels ?
L’importance de l’enjeu est secondaire, selon moi : tous les dossiers doivent être traités avec réactivité, responsabilité et implication. Il n’y a pas de dossier « mineurs ». La confiance que le client vous accorde pour traiter au mieux de ses intérêts un dossier qu’il vous confie et qu’il vous confirme en revenant vers vous pour vous soumettre une nouvelle affaire est une grande récompense. Cela signifie qu’il a apprécié votre savoir-faire et votre savoir être professionnels.
- Quand vous devez faire face à des situations stressantes ou très complexes, où allez-vous chercher votre énergie et votre calme pour rester concentrée ?
Il faut impérativement s’accorder le temps nécessaire pour réfléchir et prendre du recul afin d’identifier la solution la plus opportune pour votre client. Les contraintes de temps sont évidemment à prendre en compte mais ne doivent pas avoir un impact sur la qualité du conseil que vous donnez : vérifier la base égale, relire sa documentation, collecter les informations utiles auprès de professionnels du chiffre (banque d’affaires, expert-comptable, etc.), se forger une opinion solide et justifiable, etc. sont des prérequis quelle que soit l’urgence. Ensuite, il y a l’expérience qui joue, bien sûr : je travaille depuis 25 ans dans ce domaine, cela aide beaucoup !
- Comment faites-vous pour rester connectée avec vos clients et comprendre leurs véritables besoins dans des transactions parfois très techniques et détachées ?
Nos clients ont des activités très diverses et parfois complexes. La bonne compréhension de leurs activités est indispensable pour bien appréhender un dossier. La conclusion d’un contrat commercial, l’organisation d’un groupe de sociétés ou la définition d’une stratégie de vente d’une entreprise passe par la bonne connaissance du business de nos clients et parfois même de leur vie personnelle.
- Quand vous parlez de vos réussites, y a-t-il un dossier ou une transaction qui vous tient particulièrement à cœur, non seulement pour le résultat, mais aussi pour la manière dont vous avez vécu ce processus ?
Nous travaillons actuellement sur une opération de scission suivie d’une cession de branche d’activité qui implique l’accord préalable de certains créanciers : les négociations ont été difficiles voire tendues mais le résultat est là. La confiance que nous avons su obtenir peu à peu auprès de nos différents interlocuteurs a été clé pour mener à bien cette opération. L’opération s’est enfin concrétisée après plusieurs mois de travail. Il s’agit d’une grande satisfaction pour notre client et pour notre équipe.
- Au-delà de la technique, qu’est-ce qui, selon vous, fait qu’une négociation réussie crée une vraie relation de confiance entre les parties impliquées ?
Nous n’avons quasiment plus de réunions qui se tiennent en présentiel. Beaucoup de nos échanges passent dorénavant par des visioconférences afin de gagner du temps. Il est donc parfois difficile d’identifier un langage non verbal à travers un écran, par exemple une attitude, une façon de se tenir qui peuvent en dire long sur un état d’esprit. Dans ce nouveau cadre d’expression, je pense que l’humour est une carte majeure pour créer de la confiance et un lien particulier avec vos interlocuteurs.
- Quand vous regardez votre parcours, y a-t-il des conseils ou des valeurs personnelles que vous aimeriez transmettre à la prochaine génération de jeunes avocats ?
Un peu moins de la moitié des avocats en France exercent à Paris : la concurrence est donc rude sur la place parisienne. Il me semble important de se démarquer en maintenant sa curiosité juridique, en ne prenant rien pour acquis et en exerçant cette profession avec humilité et écoute.
Par ailleurs, j’incite fortement la jeune génération à développer sa clientèle personnelle : traiter un dossier sous sa propre responsabilité est un exercice valorisant à tous points de vue.